Loi Duplomb : au cœur d’une société en tension, que peut apporter la médiation ?

Le vote récent de la loi Duplomb au Parlement a suscité une mobilisation citoyenne exceptionnelle. Avec plus de 2 millions de signatures réunies autour d’une pétition nationale, la controverse est vive et témoigne de profondes fractures dans notre société.

En tant que médiateur professionnel, je m’attache à comprendre les besoins, valeurs et préoccupations qui s’expriment de part et d’autre du débat. Sans prendre position, je propose ici une lecture qui vise à éclairer cette controverse, à favoriser l’écoute mutuelle, et à souligner l’importance de dispositifs de dialogue dans un contexte démocratique fragilisé à l’approche des élections présidentielles de 2027.

Ce que dit la loi Duplomb

Votée au printemps 2025, la loi Duplomb vise à assouplir certaines normes encadrant l’utilisation de pesticides dits “de nouvelle génération”, tout en facilitant leur autorisation temporaire dans des conditions d’urgence phytosanitaire. Le texte est justifié par le gouvernement au nom de la sécurité alimentaire, de la compétitivité agricole, et de la résilience économique.

Une société clivée : entre sécurité, santé, économie et écologie

La polémique autour de la loi Duplomb agit comme un révélateur : elle met en lumière des tensions profondes qui traversent la société française. Au cœur de cette controverse, plusieurs sensibilités s’expriment, parfois de manière conflictuelle, autour de besoins légitimes mais perçus comme antagonistes. En tant que médiateur professionnel basé à Toulouse, formé à la Communication NonViolente, je souhaite ici éclairer ces lignes de fracture avec une posture d’écoute, sans chercher à trancher mais à comprendre.


1. Les agriculteurs en quête de reconnaissance et de viabilité économique

Nombre d’agriculteurs expriment un profond sentiment d’injustice. Ils décrivent un quotidien fait de travail intense, de revenus précaires et de pressions multiples : normes environnementales croissantes, endettement, dépendance aux marchés internationaux. Dans ce contexte, la loi Duplomb, en autorisant l’usage encadré de certains produits phytosanitaires controversés, est parfois vécue comme un répit nécessaire. Pour ces professionnels de la terre, elle représente un outil pour continuer à produire et à vivre de leur métier dans un système mondialisé qu’ils ne maîtrisent pas.


2. Les citoyens engagés pour la santé publique et l’environnement

Face à cela, une large frange de la population, appuyée par plus de deux millions de signatures dans une pétition record, exprime sa préoccupation pour la santé et l’environnement. Ces citoyens, souvent informés et sensibilisés aux risques sanitaires, s’appuient sur de nombreuses études scientifiques pointant les effets délétères de certaines substances chimiques : perturbateurs endocriniens, cancers, effondrement de la biodiversité, en particulier des insectes pollinisateurs. Pour eux, la loi Duplomb va à rebours des engagements écologiques pris par la France et constitue un signal alarmant dans un contexte de crise climatique.


3. L’agro-industrie : l’innovation au service de la productivité

Les grandes entreprises de l’agrochimie et certains syndicats agricoles défendent quant à eux une vision techniciste et industrielle de l’agriculture. Selon cette perspective, l’innovation chimique est une condition nécessaire pour répondre aux défis alimentaires à l’échelle planétaire. Le recours à des molécules de synthèse est justifié, selon eux, par une volonté de maintenir les rendements, de limiter les pertes économiques et de garantir la compétitivité française à l’international. Le poids économique et politique de ces acteurs n’est pas négligeable, et contribue à alimenter le débat.


4. Les consommateurs : entre fin du mois et fin du monde

Enfin, une tension silencieuse traverse le quotidien de nombreux citoyens-consommateurs, à Toulouse comme ailleurs : comment concilier leur souhait de consommer des produits sains, locaux, respectueux de la planète… avec la réalité de leur pouvoir d’achat ? La majorité des ménages n’a pas les moyens de remplir son panier exclusivement en bio ou en circuits courts. Ce tiraillement génère de la frustration, du renoncement, parfois de la culpabilité. Les choix individuels sont souvent dictés par les contraintes économiques, plus que par les convictions.


Ce que la médiation peut apporter

Dans un tel contexte, la médiation ne se substitue pas au débat démocratique ni aux instances politiques. Elle ne prétend pas non plus résoudre les désaccords par la force d’un argument ou la suprématie d’un camp.

En revanche, elle peut apporter un espace sécurisé, où chacun peut être écouté sans être jugé, et où les désaccords ne sont pas niés, mais explorés en profondeur. Un espace où les besoins fondamentaux de chacun peuvent être nommés, entendus, mis en relation. À Toulouse et en région Occitanie, les tensions entre acteurs agricoles, élus, citoyens et scientifiques ne sont pas nouvelles. Mais elles s’intensifient à l’approche des élections présidentielles de 2027.

En tant que médiateur à Toulouse, je crois profondément que des dispositifs de concertation locale permettrait de :

  • Faire émerger une vision partagée de l’intérêt général, au-delà des postures idéologiques ;
  • Recréer de la confiance entre des parties qui ne se parlent plus ou s’accusent mutuellement ;
  • Clarifier les besoins profonds souvent invisibles sous les discours (sécurité, dignité, reconnaissance, justice, transparence, cohérence…). Sortir des stratégies pour se recentrer sur les besoins permet d’identifier des zones de convergence, parfois difficile à identifier dans l’arène médiatique, et de sortir du conflit.
  • Favoriser l’intelligence collective, pour imaginer des solutions viables, locales et adaptées.

Par exemple, sur un territoire comme l’Occitanie, riche de sa tradition agricole, il est possible d’initier des médiations territoriales réunissant collectivités, agriculteurs, chercheurs, citoyens et entreprises autour de projets concrets. Ces espaces peuvent restaurer la confiance, aujourd’hui abîmée, et redonner du sens à l’action publique et privée.


Un chemin vers plus de discernement collectif

La loi Duplomb, au-delà de son contenu juridique, agit comme un révélateur de nos tensions collectives. Elle met en lumière des désaccords qui touchent à nos visions du monde, à nos valeurs fondamentales : sécurité, liberté, responsabilité, solidarité…

Dans un monde où les polarisations s’intensifient, la médiation permet de ralentir, écouter, comprendre, et peut-être transformer nos conflits en opportunités de co-construction.

Basé à Toulouse, j’accompagne institutions, entreprises, collectivités et citoyens dans des démarches de médiation fondées sur la Communication NonViolente, pour remettre l’humain au cœur des décisions.

Envie d’initier un dialogue constructif autour d’un projet, d’un conflit ou d’une controverse locale ?

Contactez-moi pour en parler.

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